Thailande

« L'unité du peuple fait le succès et la prospérité »

Le Difficile Développement Démocratique

La nouvelle constitution de 1997 a permis au pays d’établir un cadre à peu près démocratique dans le système politique thaïlandais. Dans les faits, le pays n’est qu’une démocratie en surface. La monarchie et l’armée au XXIe siècle vont continuer à renverser les gouvernements populaires qui ne sont pas à leur goûts.

2001 : Premières élections démocratiques et coup d’État :

Lors des élections législatives de 2001, le candidat du Thai Rak Thai Party (parti politique civil), Thaksin Shinawatra, est élu avec la majorité. Il devient le tout premier Premier Ministre de la Thaïlande depuis l’adoption de la Constitution de 1997. Sous son mandat, il va mener des grandes politiques économiques nationalistes. Il parvient aussi à faire passer des lois telles que la sécurité sociale ou le salaire minimum. Il est aussi le premier Premier Ministre démocratiquement élu à aller au bout de son mandat. Il se fait réélire

Thaksin en 2001

Cependant, les politiques et la façon de gouverner de Thaksin entachent l’image de ce dernier. De plus en plus de voix s’élèvent contre cela. Les politiques de guerre contre le narcotrafic et les pressions constantes envers les médias scandalisent l’opinion publique. Malgré tout cela, Thaksin se fait réélire lors des élections de 2006. Il continue son mandat, malgré l’invalidation des résultats des premières élections tenues un peu plus tôt la même année par la Cour Constitutionnelle.

Le 19 septembre 2006, l’armée organise un coup d’État et obtient la destitution de Thaksin. C’est le premier coup d’État organisé depuis l’institution de la Constitution de 1997, et le premier coup depuis 15 ans. Les militaires ont annulé les élections prévues le 15 octobre, abrogé la constitution de 1997, dissous le parlement et la cour constitutionnelle, interdit les manifestations et toutes les activités politiques, supprimé et censuré les médias, déclaré la loi martiale dans tout le pays et arrêté les membres du cabinet. Les causes du coup varient selon informations, les militaires ont jugé qu’il fallait mettre un terme aux agissements peu scrupuleux de Thaksin tandis que les observateurs indépendants expliquent que le clivage entre les ruraux pauvres (soutenant Thaksin) et l’élite citadine (opposant de Thaksin) est la raison pour laquelle le coup a eu lieu. Thaksin est condamné par la justice à deux ans de prison.

Image de l’armée en 2006

Après le coup d’État de 2006, la Thaïlande va connaitre une longue période de crise politique. Une nouvelle constitution est votée en 2007. Des anciens membres du parti de Thaksin monte un nouveau parti, le Parti du Pouvoir du Peuple (PPP), et remportent les élections de 2008. Toutefois, des allégations de conflit d’intérêt du nouveau Premier Ministre Somchai Wongsawat avec le privé et des suspicions d’amnisiter Thaksin force le tout nouveau gouvernement à démissionner. Le PPP est dissous et l’opposition en faveur de la monarchie gagne les élections anticipées.

Photo de Thaksin prise à la sortie de son procès en 2008

De 2008 à 2014 : la démocratie en Thaïlande vacille :

Devant les atteintes menées contre la démocratie, de plus en plus de contestations émanent de la population largement favorable à Thaksin. C’est ainsi que les “chemises rouges” (contestataires du pouvoir royal) émergent, se positionnant face aux royalistes et l’armée soutenant la monarchie (“chemises jaunes”). En 2010, de violentes manifestations organisées par les chemises rouges réussissent à obtenir du gouvernement des élections anticipées. Celles-ci sont organisées en 2011. L’élection de 2011 est généralement considérée comme étant la dernière élection légitime que le royaume a tenue. C’est le parti Pheu Thai de la sœur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, qui gagne les élections. Le parti est aligné sur les idées de Thaksin.

Photo de Yingluck victorieuse lors des élections de 2011

Malgré des débuts assez calmes, le gouvernement de Yingluck va commencer à prendre des mesures de plus en plus contestées par l’opposition. Les mesures populistes et le projet d’amender la constitution va mener les opposants au gouvernement, les chemises jaunes, à s’amasser dans les rues pour protester contre Yingluck. Devant cela, Yingluck décida de dissoudre le Parlement et d’avancer les élections en 2014. Les opposants au gouvernement iront jusqu’à empêcher des électeurs d’aller voter, forçant la Cour Constitutionnelle à annuler les résultats de l’élection. Un gouvernement provisoire est mis en place, mais Yingluck dont les soupçons de conflits d’intérêts deviennent avérer est forcée de démissionner. Elle est remplacée par le Ministre du commerce Niwatthamrong Boonsongpaisan. Trois semaines plus tard, le gouvernement provisoire est destitué par un coup d’État.

Crédits photo: France-Presse PORNCHAI KITTIWONGSAKUL – Manifestation des chemises rouges en 2010

De 2014 à 2021 : Peut-on encore parler de démocratie ?

Le 20 mai 2014, le général Prayut destitue le gouvernement provisoire et proclame la loi martiale dans tout le pays. Il prend le pouvoir et met en place un Conseil National pour la Paix et l’Ordre (CNPO). Le CNPO établit le pouvoir de la junte militaire comme le pouvoir dirigeant et abroge la constitution (une nouvelle fois). De nombreux opposants politiques sont arrêtés par l’armée. Les militaires élaborent une nouvelle constitution qui leur donnera une plus grande influence politique. La junte va exercer un pouvoir autoritaire considérable. Les activités politiques, en particulier les critiques à l’égard de l’armée, sont interdites et la loi sur la lèse-majesté est encore plus sévèrement appliquée qu’auparavant. En 2016, Rama IX décède et est remplacé par son fils, Rama X. La nouvelle constitution renforce ses pouvoirs.

Prayuth Chan-ocha, le 26 mai 2014 à Bangkok. Photo: Erik de Castro/Reuters

Après plusieurs reports, des élections sont tenus en 2019. Le parti civil-militaire Palang Pracharath remporte les élections. Les libertés politiques quasi-inexistantes et l’autoritarisme monarchique et militaires caractérisent en 2021 la Thaïlande. L’histoire de la Thaïlande montre que dans le futur, les futurs gouvernements devront gouverner sans empiéter sur les intérêts de l’élite… sous peine de se faire renverser par un coup d’État.

Photo de Rama X

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