Thailande

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Terrorisme

Raisons du terrorisme :

Le terrorisme en Thaïlande est un problème récurrent depuis les années 80. Se situant principalement dans les régions limitrophes méridionales bordant la frontière de la Malaysia, les activités terroristes ont provoqué des remous dans le pays. Il faut toutefois différencier le terrorisme en Thaïlande de celui d’autres pays comme en Indonésie. Le terrorisme résulte surtout d’un conflit ethnique plus que d’un conflit religieux. Il s’agit donc davantage d’un mouvement de résistance utilisant des actes terroristes et non de quelques groupes responsables de la plupart des attaques terroristes (tels Abou Sayyaf et Jemaah Islamiyah).

Il existe plusieurs groupes “terroristes” dans ces régions malaises connus, dont le Patani United Liberation Organization (PULO), le Nouveau PULO, le National Revolutionary Front-Coordinate (BRN-C), ainsi qu’une association de tutelle qui se veut un Front Uni pour l’indépendance de Pattani, le Bersatu. Il est, cependant, difficile de connaître leur influence exacte. En effet, les actes terroristes sont peu voire non revendiqués. Il s’agit donc d’un conflit décentralisé et peu organisé ; le conflit est comparable à un méli-mélo de groupes terroristes.

Carte des provinces du sud de la Thaïlande montrant les zones à majorité malaise et musulmane.

Le conflit a donc une teneur ethnique importante. Après l’incorporation officielle du Sultanat de Pattani (il y a de cela 500 ans) au Royaume de Thaïlande, une grande campagne pour éliminer l’identité malaise de la minorité ethnique et pour forcer leur assimilation à la culture thaï unie a été lancée. La culture du centre du pays a été instituée comme culture nationale afin de créer une identité sociale et politique thaïe unie, en éliminant les autres : celles du Nord, du Nord-est et du Sud du pays. Ces régions sont aussi à majorité musulmane. 80 % de la population pratique l’islam et environ 30 000 personnes ne savent même pas parler le Thaï.

Un manuel nommé le Berjihad di Pattani utilise utilise une terminologie islamique pour parler de la libération et de l’indépendance des provinces du Sud. Le manuel encourage aussi à attaquer les musulmans « hypocrites ». Même si le religieux prend de l’importance dans les actions des groupes comme le PULO, il faut tout de même faire attention à ne pas généraliser cela. Le plus important pour ces groupes n’est pas d’instituer un califat ou de répondre aux injustices faites contre les musulmans, mais plutôt de préserver l’identité régionale face à l’assimilation Thaï.

Un musulman thaïlandais brandit un exemplaire du Coran taché de sang, trouvé après la mort de militants à l’intérieur de la mosquée de Krue We, à Pattani. (Photo de Jetjaras Na Ranong). Source : https://www.bangkokpost.com/opinion/opinion/757644/the-big-issue-ghost-of-the-south

Conséquences du terrorisme :

Le terrorisme en Thaïlande a fait de nombreux dégâts au sein de la population thaïlandaise. Entre 2004 et 2015, le terrorisme a fait environ 6 500 morts et 12 000 blessés. La dernière attaque en date est de 2019 et a eu lieu dans la province de Yala. 15 personnes avaient été retrouvées mortes dans cet attentat. La pire attaque terroriste avait eu lieu le 17 août 2015, un attentat contre un temple hindou de Bangkok avait fait 20 morts et plus de 120 blessés.

Les secours sur les lieux du drame dans la province de Yala, en Thaïlande, le 6 novembre 2019. Surapan Boonthanom, Reuters. Source : https://www.france24.com/fr/20191106-thailande-attaque-meurtriere-sud-yala-separatistes

Les actes terroristes sont commis dans un contexte insurrectionnel : incendies criminels, attentats à la bombe, raids pour saisir des armements, décapitation, mais aucun attentat suicide. Les cibles sont souvent liées au gouvernement (local spécifiquement), aux forces de sécurité ou au bouddhisme. Le conflit est donc principalement ethnique, en réaction au danger perçu pour l’identité des malais musulmans, mais son ampleur s’explique par les mauvaises décisions prises alors par le gouvernement de Thaksin et se sont étendues ensuite avec les autres gouvernements (ainsi que les violations aux droits humains que subissent les musulmans du Sud).

Face à cela, les militaires (et les actions du gouvernement en réaction à la violence) exacerbent les tensions présentes. La loi martiale est appliquée rigoureusement dans les régions malaises. Un événement en particulier reste très marquant aux yeux de la population : la manifestation de Tak Bai, où des gens se sont rassemblés pour protester contre l’emprisonnement de six villageois. 1300 hommes ont été arrêtés et littéralement empilés dans des camions, et 78 sont morts dans un trajet de 90 minutes qui a pris 5 heures pour des raisons inexpliquées.

Un soldat thaïlandais tient son fusil alors qu’il monte la garde devant des femmes et des enfants musulmans qui se rendent à l’école, le premier jour de l’année scolaire 2012, dans la province de Narathiwat, dans le sud de la Thaïlande. Photo de l’AFP. Source : https://www.dawn.com/news/768582/newspaper/newspaper/column

Les militaires violent les droits humains (en toute impunité puisqu’ils ne peuvent être poursuivis en justice) de toute la population dans leur lutte contre l’insurrection dans les provinces du Sud, alimentant la peur et la colère, et indirectement la cause des insurgés. Tant que l’armée attise les flammes de l’insurrection, les actions terroristes vont continuer. Et tant que les actions terroristes se font, l’armée continuera d’harceler les populations musulmanes du sud de la Thaïlande.

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