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Corruption

La corruption en Thaïlande est un problème national très grave. Au classement de l’ONG Transparency International qui détermine chaque année un indice de perception de la corruption dans 180 pays du monde, la Thaïlande est apparue au 104e rang mondial. Avec 36 points, la Thaïlande se retrouvait à égalité avec le Vietnam, le Kosovo, le Salvador, l’Albanie, la Côte d’Ivoire et l’Algérie.

https://lepetitjournal.com/bangkok/indice-de-corruption-la-thailande-perd-3-places-avec-le-meme-score-297408

Parmi les pays de l’ASEAN, la Thaïlande se positionne sixième, tandis que Singapour est en tête de liste (3e au niveau mondial à égalité avec la Suisse). Le second, Brunei est au 35e rang mondial, suivi par la Malaisie (57e au niveau mondial), le Timor-Leste (86e au niveau mondial), et l’Indonésie (102e), qui obtient un score de 37 passant juste devant le Vietnam et la Thaïlande. Pour un pays qui souhaite devenir une puissance régionale et attirer les capitaux étrangers, un tel niveau de corruption écorne fortement l’image du pays.

L’intersection entre le monde des affaires et du gouvernement a entraîné une utilisation généralisée des pots-de-vin dans la plupart des secteurs du pays. Les pots-de-vin et les conflits d’intérêts sont courants dans les secteurs privé et public thaïlandais. La politique de l’argent en Thaïlande, notamment sur la scène politique, découle du nombre élevé d’interconnexions entre les secteurs des affaires et de la politique. Malgré les lois anti-corruption, la bureaucratie gouvernementale est inefficace pour les faire appliquer. Selon une enquête menée par l’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise en 2015 auprès d’hommes d’affaires qui traitent avec des bureaucrates chargés d’attribuer les contrats, la moyenne des commissions versées sous la table pour obtenir un contrat auprès des agences gouvernementales est de 25 %. L’enquête a montré que 78 % des hommes d’affaires interrogés ont admis qu’ils devaient payer des “frais”.

Il n’y a pas que dans la bureaucratie qu’il y a de la corruption. La corruption est aussi répandue dans la police. La situation en Thaïlande à propos de la corruption est si grave que l’Organisation Anti-Corruption de Thaïlande a ouvert en 2015 un “Musée de la Corruption Thai” au Centre des Arts et de la Culture de Bangkok.

Images montrant les œuvres exposées dans le musée. Source : https://bk.asia-city.com/city-living/news/interview-museum-thai-corruption

Face à cela, l’armée, après le coup d’État de 2014, s’est retroussée les manches et a décidé de déclarer la “guerre à la corruption” (même si le CNPO s’est retrouvé dans des scandales de népotisme et de corruption). Plusieurs agences anti-corruption ont ainsi vu le jour après le coup d’État. Cependant, de nombreuses critiques se sont élevées contre la politique de l’armée, car elle permet au parti de se débarrasser de ses opposants. Depuis la mise en place de ces politiques, Transparency International dénote un aggravement de la corruption et un déclin de la transparence. Notamment dans le système judiciaire et dans la société civile, où les médias sont restreints et influencés par le gouvernement militaire.

Photo du vice-premier ministre Prawit Wongsuwan en décembre 2017, levant la main pour se cacher les yeux alors qu’il porte une montre de luxe et une bague en diamant lors d’une cérémonie au siège du gouvernement en Thaïlande. Credit: AP Photo/Krit Phromsakla Na Sakolnakorn. Source : https://thediplomat.com/2018/04/corruption-in-thailand-running-in-place/.

La tâche s’annonce néanmoins difficile, tant la corruption est généralisée et intériorisé dans les mœurs et pratiques des thaïlandais. Selon un sondage publié dans le Bangkok Post, 84% des Thaïlandais acceptent la corruption dans les affaires et 51% en politique. Cela peut en partie être expliqué par le fait que dans la culture thaïlandaise, le pouvoir découle du mérite ; la réussite sociale et matérielle d’un homme serait due au « mérite » acquis lors de sa vie antérieure. Il est par conséquent convenable et même souhaitable dans la tradition thaïlandaise, d’offrir des cadeaux aux personnes disposant d’un statut social plus élevé que le sien pour s’attirer leurs faveurs (particulièrement s’il s’agit de représentants officiels). Ce sont ces traditions qui semblent ainsi expliquer pourquoi les Thaïlandais d’aujourd’hui acceptent en si grand nombre la corruption et continuent à payer , sans exercer d’opposition importante, des dirigeants et des fonctionnaires en vertu du principe de « sin naam jai » (cadeau de bonté de cœur). 

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